NoW • Santa Claus vs. James Franklin

L’hiver, quelle triste saison... Le froid, les pavées glissantes, les routes bondées de monde, les films que tu as déjà vu 15.000 fois à la télé et que tu seras obligé de voir à nouveau parce que les beaufs de ta famille le trouve toujours aussi drôle. Et c’est sans compter sur le jour qui commence à dix heures du matin pour finir a quinze heures et la neige... Ouais c’est bien beau la neige, le ski, la luge, les vacances, la joie, mais ça c’est la version Hiver Magique si vous casquez 5.000 euros de votre budget pour les vacances. Car la vraie réalité de l’hiver, c’est surtout cette foutue bouse blanche qui nous bloque sur les routes, le froid qui nous empêche de quitter les couettes le matin, se lever trente minutes plus tôt pour dégeler son pare-brise.

SANTA CLAUS ‒ Je savais bien qu’on prenait un risque en engageant un fan de MsChif pour faire la voix-off. Mais bon, c’était le seul moyen pour éviter qu’il en vienne au suicide, alors hein faut savoir faire avec comme on dit.

Et oui c’est bien le Papa NoWel qui vient de parler. Ce dernier se trouve dans sa fabrique à jouets, Noël approche et les livraisons arrivent en masse. Finalement si y’a bien un métier qui ne connaît pas la crise, c’est Père Noël. D’ailleurs, je vous ai dit que ma mère est au chômage depuis deux jours et elle s’est mis à boire, comme mon père qui me bat et me viole chaque nuit pendant que mon oncle...

SANTA CLAUS ‒ Brrrr qu'il fait froid, une vraie tempête. Mon dieu, que c’est usant d’être le Père Noël... J’aurai mieux fait d’accepter la proposition de ce sympathique Marc Dutroux, il aurait fait un excellent Père Noël, il semblait vachement motivé à l’idée que les enfants viennent s’asseoir sur ses genoux toute la journée. D’ailleurs je me demande bien ce qu’il devient...

D’un pas lourd, il va s’avachir dans un fauteuil.

SANTA CLAUS ‒ Et je parie que j’ai encore un tas de lettres qui m’attend. Mon petit lutin, apporte-moi le courrier tu veux !

MON PETIT LUTIN ‒ Tout de suite Père Noël.

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MON PETIT LUTIN ‒ Tenez, elles viennent juste d’arriver. Ce sont les listes de certains lutteurs de la Nation of Wrestling, la fédération de catch où vous avez défié James Franklin.

SANTA CLAUS ‒ Mhhh, je vois. Merci mon petit lutin, tu peux disposer.

MON PETIT LUTIN ‒ Père Noël ?

SANTA CLAUS ‒ Oui ?

MON PETIT LUTIN ‒ Vous n’avez pas peur de vous faire massacrer contre cette brute ? Je veux dire, on sera la veille de Noël et ce James Franklin est un vrai monstre physiquement. Ça risquerait de vous blesser gravement et de vous obliger à annuler la distribution. Si vous le désirez, je peux vous remplacer et l’affronter. Je regarde souvent la NoW à la télé, je sais tout de leur fonctionnement et je devrais être capable de résister un minimum de temps sur un ring.

SANTA CLAUS ‒ Mon petit lutin, cela fait maintenant plus de deux mille ans que chaque nuit à la même époque je distribue des jouets aux enfants sages et pas une fois je n’ai fait faux-bond. J’ai toujours su être dans le bon timing, toujours à l’heure, et cette année ne dérogera pas à la règle, sois rassuré. Surtout que ce galopin de James Franklin n’a pas été très sage cette année, et ce n’est pas la première fois. Déjà en maternelle je me souviens qu’il tapait sur ses petits camarades, alors le voir en prison ne m’a pas étonné. Je n’ai plus ma jeunesse d’antan, certes, mais avec un peu d’entraînement je crois être en mesure de lui infliger la punition qu’il mérite. En espérant qu’après cela il retienne la leçon et devienne enfin un petit garçon sage.

MON PETIT LUTIN ‒ Bonne chance Père Noël, foutez-lui la raclée qu’il mérite.

SANTA CLAUS ‒ J’y tâcherai. Bien, voyons voir les listes qu’ils m’ont envoyé... Celle-ci vient de Paul Heyman : « Cher Père Noël, tout d’abord j’aimerai que tu m’excuses de m’être fait passé pour toi dans les magasins cette année mais comprends-moi, j’étais à la rue et il me fallait un moyen de nourrir ma famille... Enfin de me nourrir moi surtout. Et vu que physiquement on est plutôt semblable, j’en ai profité. En tout cas, comme chaque année depuis maintenant trente ans, pour ce Noël je souhaiterais deux prostituées déposées sous mon sapin. Mais déconne pas ce coups-ci Santa, pas de travelos ! Merci d’avance ». Nom d’un renne, il ne s’arrange pas au fil des années ce Paul Heyman.

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SANTA CLAUS ‒ Ensuite, ça vient de Armando Estrada : « Hola Santa Claus. J’espère que tu vas bien, et tes reines aussi (oh c’est cool, mon accent disparaît quand j’écris). Cette année pour Noël j’aimerai que tu donnes naissance à une nouvelle génération de catcheurs que je puisse ~~exploiter~~ engager à moindre frais pour devenir encore plus riche. J’aimerai également que tu m’aides à me débarrasser de ce connard de Mick Foley. Débrouille-toi pour qu’il se fasse renverser sur la route ou même qu’il avale un hamburger de travers et qu’il en meurt sur le coup, je sais pas moi, j’ai pas d’idée je te laisse choisir ». Ah justement, en voici une de Mick Foley : « Salut Santa. C’était simplement pour te signaler que si Armando venait à te demander de faire quelque chose qui pourrait me nuire, pense bien à lui répondre d’aller se faire mettre ».

Nouvelle lettre...

SANTA CLAUS ‒ Celle-ci est de MsChif, ma chouchoute : « Mon cher Papa Noël. Pour ce Noël j’ai un tas de choses à te demander. Tout d’abord je voudrais les derniers albums de Avril Lavigne et surtout celui de Eminem. Mais n’en parle à personne, c’est un secret entre nous deux. Je souhaiterais aussi que tu me fasses parvenir de nouvelles lames de rasoir dans les plus brefs délais, j’ai raté mes quinze dernières tentatives de suicide parce que la vie c’est de la merde tu sais. Je voudrais également un t-shirt rose avec écrit dessus le nom de ma bestah, comme ça je pourrais le porter quand j’irai la voir pour écouter Green Day pendant toute la journée. En échange je suis même prête à te faire une gâterie dans le dos de la Mère Noël comme l’année dernière. Kiss' xDeyy' TMTC <3 ». Et voyons voir ce que demande Goldust : « Salut mon coquinou. Tu vas bien depuis l’année dernière ? Moi ça va très bien, George fait très bien l’amour et je continue à toucher des corps tout huilé chaque semaine. Pour Noël il me faudrait simplement un gode en or assez résistance pour qu’il puisse me servir à passer une soirée avec chaque membre de la NoW au moins. Bisoux partout ».

Il reste une lettre sur la table !

SANTA CLAUS ‒ Oh, et la dernière est de James Franklin. Qu’a-t-il à me demander : « Salut sal pute. Moi je veut pas de cado parce ke mon cado sa sera de te cassé la gueule. Si j’aurai pu te la cassé maintenant je l’auru fé. Jaissepère que tu sera la dimanche et que je pourra t’éclaté. Je t’emmerde, j'emmerde tes reine, et j’emmerde la NoW auci. PS : Non ses faut, j’emmerde pas la NoW c ma seul ami qui veux bien de moi et je l’aime ». Je ne pensais pas qu’un être humain pouvait faire autant de fautes d’orthographe dans une seul phrase. Aussi bien physiquement que mentalement, ce James Franklin ressemble en tout point à un animal sauvage. Il aura la punition qu’il mérite... Ho ho ho !

Gentlemen armez vos fusils, la chasse au King Kong commence !

Il fait froid, les pavées sont glissantes, la neige se fait trop abondante et empêche les voitures de circuler librement...

SANTA CLAUS ‒ Tu l’as déjà dit ça ! Arrête de radoter, je sais que ton idole aime ça mais ce n’est pas une raison.

Bref, le centre commercial a exhibé ses plus belles vitrines pour attirer les gens (et les faire claquer trois mois de salaire en un soir à peine), pas de doute : Noël approche ! D’ailleurs c’est à l’intérieur du centre commercial que l’on retrouve le meilleur ami des enfants. Il est assis sur un grand siège en compagnie du gentil photographe (deux dollars la photo, ça ne se refuse pas !). Il a un message à faire passer aux lutteurs de la NoW.

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SANTA CLAUS ‒ Bonjour bonjour, mes joyeux lutins de la Nation of Wrestling. C’est moi, le père Noël, ho ho ho ! Vous avez été bien sages cette année ? Vous avez fait vos devoirs ? Vous avez bien avaler votre potage et embrasser vos parents avant d’aller vous coucher ? Alors venez à moi, le Père Noël vous attend à bras ouverts pour recueillir votre commande, vous offrir un petit chocolat et vous raconter une histoire. Car bientôt, c’est moi qui viendrai vous rendre une petite visite, chez vous à la NoW, sur le ring ! A Christmas Chaos, votre Papa Noël va venir à vous et il a dans son sac tout plein de bonnes surprises pour tout le monde. Tout le monde sauf ce méchant garçon qu’est James Franklin. Lui, j’en fait un cas personnel ! Je vais lui prouver que ses parents disaient vrai quand ils lui demandaient d’être obéissant sous peine de ne pas recevoir de cadeaux. Croyez-moi, ce soir-là sera inoubliable. Je le jure sur la tête de mes rennes !

Ce faisant, il conclut par un clin d’œil malicieux.

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ENFANT TRAUMATISÉ À VIE ‒ Maman, il me fait peur le Monsieur !

SANTA CLAUS ‒ Hum, passons. Pour tous ceux qui douteraient de mes capacités et de mes connaissances en matière de lutte, qu’ils revoient leurs classiques, ils font fausse route. Je connais ce milieu bien mieux que n’importe quel Hulk Hogan, Ric Flair ou Bret Hart. Je connais chaque lutteur depuis sa plus tendre enfance, ce qui implique le fait que je connaisse James Franklin comme le fond de ma hotte.

Au même moment, venu de nulle part, débarque un homme apparemment remonté. Mais qui est-ce ?

??? ‒ Je suis qui ? Je suis qui ? Mais c’est moi, Orlando... Orlando Jordan !

Très bien, alors c’est Orlando Jordan (il faisait pas du basket avant ?) qui avance rapidement en direction du Père Noël.

ORLANDO JORDAN ‒ Eh, Santa Cruz ou je sais pas quoi là... Tu sais ce que je pense de toi et de ton nom à la con ?

SANTA CLAUS ‒ Tiens, bonjour mon petit Orlando. Mais je crois que tu t’es trompé de fête, halloween est passé tu sais. En ce moment c’est Noël !

ORLANDO JORDAN ‒ Ferme ta gueule, arrête de t’la raconter p’tit PD parce que moi j’te baise ! J’vais t’rendre tes deux jambes handicapés, j’te nique ta race p’tite pétasse. Enculé de capitaliste !

SANTA CLAUS ‒ Ah, parce que maintenant tu es anti-capitalisme, Orlando ?

ORLANDO JORDAN ‒ Bah ouais parce que bah... le capitalisme... c’est trop nul !

SANTA CLAUS ‒ Je vois, et que me vaut ta visite ?

ORLANDO JORDAN ‒ Ben j’suis v’nu parc’que t’sais que...

SANTA CLAUS ‒ Oh et arrête avec cet accent de bad boy, ça tend rend plus ridicule que tu ne l’es déjà.

ORLANDO JORDAN ‒ D’accord, en fait c’est James Franklin qui m’envoie. Il veut que je te pète une jambe et un bras avant votre match, et crois-moi que je vais le faire. Car ce que je vais te dire va sûrement t’emboucher un coin mais... Je suis le frère de James Franklin !

SANTA CLAUS ‒ Oui, je suis au courant.

ORLANDO JORDAN ‒ Comment ça ?

SANTA CLAUS ‒ Je peux même te dire que vous avez la même mère mais pas le même père. En effet, vous êtes tous les deux nés d’une mère noire membre des Black Panthers. Une mère qui, par la même occasion, se prostituait pour gagner sa vie. Pauvre femme, elle n’a pas eu la vie facile en plus d’avoir deux fils irresponsables comme vous. Finalement vous avez grandis tous les deux et avez pris deux chemins opposés. Pendant que James rackettait des mamies et cambriolait des boulangeries, toi tu préférais lire des pièces de théâtre et coucher avec des hommes. C’est fou comme deux personnes issues de la même mère peuvent se révéler si différents. En tout cas je suis content de te revoir Orlando.

ORLANDO JORDAN ‒ Content de me revoir ? Alors tu as déjà oublié ? Dois-je te rappeler, Papa Noël, ce 24 décembre 1980 ? Hein ? Le grand robot Bioman rouge, t’as sans doute préféré le livrer à quelqu’un d’autre qu’à mon petit frère ?

SANTA CLAUS ‒ Je me disais bien que je percevais en toi un gros chagrin mon petit Orlando. Une livrai ratée tu dis ? Cela m’arrive rarement, mais dans le cas où ça se produit, tes parents peuvent toujours s’adresser au SAC (Service Après Cadeaux) pour porter réclamation. Vu le nombre de foyers qu’il y a dans ma tournée, il peut arriver malheureusement qu’il y ait une petite erreur de temps en temps.

ORLANDO JORDAN ‒ Depuis ce jour, mon frère et moi nous étions jurés de te tuer un jour. Et maintenant que l’occasion se présente, on ne la laissera pas filer, tu peux en être sûr ! C’est à cause de toi que nous en sommes là aujourd’hui, pire, c’est à cause de toi que mon frère a fait de la prison. Oui, c’est à cause de toi qu’il a commis plusieurs meurtres. Quatre au total, et le point commun entre ces victimes ? Elles servaient toutes de Père Noël pendant les vacances hivernales !! Alors ne sois pas étonné si à Christmas Chaos il débarque sur le ring avec un couteau dans sa manche ou une grenade dans sa chaussette.

SANTA CLAUS ‒ Allez, sèche tes larmes et viens dans mes bras. Que dirais-tu d’un bonbon ?

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ORLANDO JORDAN ‒ Non, jamais ! Tu n’es qu’un gros vicelard ! Je l’ai vu dans Bad Santa, tu sautes sur tout ce qui bouge et qui a une paire de seins ! Tout ce que je veux, Santa, c’est une interview exclusive. Une interview avec laquelle tu me révéleras tout sur toi. Absolument tout, nous ferons le tour du pour et du contre et enfin mon frère et moi pourrions reprendre une vie normale. Alors, Santa, toi qui es au chômage 364 jours par an, tu acceptes ?

SANTA CLAUS ‒ Alors comme ça pour Noël tu voudrais une interview exclusive ? Mais je te l’accorde quand tu veux, mon grand garçon ! Il te suffit de venir me rejoindre, je t’accueillerai sur mes genoux et te raconterais une merveilleuse petite histoire. Comme celle de... voyons... l’histoire du lutteur mal informé. Je ne travaille pas qu’un seul jour par an, loin de là ! Déjà pour assurer les livraisons partout dans le monde en jouant sur les décalages horaires, il se peut que selon la configuration cela me prenne jusqu’à 48 heures. Ensuite il faut assurer la production dans mon usine, entretenir les rennes (surtout Rudolph, c’est un sacré bouffeur !), faire ma promotions dans les magasins comme en ce moment, tourner dans les films pour enfants, poser pour Coca Cola qui vient à l’instant même de renouveler mon contrat... Tu n’imagines donc pas l’emploi du temps de ministre que j’ai. Et c’est comme ça depuis des millénaires ! Tu penses donc bien qu’à côté de tout ça, un petit match de rien du tout contre un catcheur de seconde zone relève de la formalité administrative.

ORLANDO JORDAN ‒ Je le répète, je ne viendrai pas sur tes genoux, Santa ! Tu peux faire le malin mais tes photos se trimballent toutes sur Internet, à côté de celles de Rihanna !

SANTA CLAUS ‒ Mensonges ! Ceci n’est que calomnies de la part d’un tâcheron cherchant à se faire remarquer ! C’est toi qui a balancé les photos de Rihanna, pas vrai ? Et la sextape de Paris Hilton ? Et le plus courageusement du monde en restant anonyme, pas vrai ? Ça c’en est un qui assume ses actes ! Ton frère et toi n’avez rien d’un catcheur, vous n’êtes rien de plus que des voyeurs qui entretiennent leur libido à l’aide des autres. Quelle tristesse.

Le Père Noël continue dans sa barbe...

SANTA CLAUS ‒ Nom d’un renne, d’où vient la fuite ? Si je trouve le lutin qui m’a balancé...

ORLANDO JORDAN ‒ Allez, avoue-le ! Seul dans ta maison, la Mère Noël qui s’est barrée en voyant ce que tu étais devenu : un être avare et cupide prêt à tout pour réussir, faisant avec tes rennes ce que tes lutins refusaient. Oui, Petit Papa Noël est devenu Gros Papa Noël Alcoolo ! Et en voici la preuve...

Il tend une photo...

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SANTA CLAUS ‒ HO HO HO HO HO HO HO !

Ça c’est du rire ! Mais un rire... hystérique, du genre qu’on ne pensait pas retrouver chez l’ami des petits n’enfants.

SANTA CLAUS ‒ Bon, tu m’as bien eu, en effet. Je suis un fêtard à mes heures perdues, et alors ? Ça ne vous ai jamais arrivé à ton frère et toi d’aller en boîte ? De vous enfiler quelques verres de vodka et de vous taper une bonne murge ? Tu vas faire quoi ? Me sortir ton numéro de jeune puritain choqué, d’âme pure suffocant devant tant de bassesse ? Nom de ma barbe, James et toi êtes encore bien verts pour votre âge. Et à voir l’humour pipi-caca dont il fait preuve chaque semaine, il est encore resté au stade de garçonnet rigolant et rougissant aux blagues qui parlent de zizi. Finalement, James est resté un petit enfant pas encore prêt pour affronter le monde des adultes !

ORLANDO JORDAN ‒ Tu sais très bien que mon frère n’est pas un exemple, et c’est totalement de ta faute ! Mais toi, un exemple, tu en es un pour tous ces petits enfants se devant d’être sage une année complète afin d’être récompensé un seul jour par des cadeaux. Et bien oui, tu n’aurais jamais eu de cadeaux selon tes propres critères... Et tu n’aurais recueillis que ce morceau de charbon que bien trop souvent James et moi recevions...

SANTA CLAUS ‒ Ooooooh... C’est dit avec tellement de naïveté que c’en deviendrait presque mignon. Tu crois vraiment que quand je leur demande « avez-vous bien été sages ? » et qu’ils me répondent en cœur « oui ! », c’est vraiment sincère ? Tu penses vraiment que tous ces lardons sont capables de se tenir tranquille 364 jours par an sans faire au moins une bêtise plus grosse qu'eux ? Et tu penses vraiment que je leur fais confiance quand ils me répondent tous ça ? Après, il y a ceux qui sont plus convaincants que les autres... ou plus sincères, quand ils avouent qu’effectivement ils ont fait quelque chose de mal. Même si c'est un aveu hypocrite qui cherche avant tout le pardon et le regard complaisant du vieux barbu que je suis, c'est déjà tout de suite plus franc. Et sache que faire de la prison est quelque chose de grave, Orlando. La mort de votre troisième frère ne pardonne pas tout, James est un méchant garçon et voilà ce qui arrive quand on passe plus de temps devant la télévision ou à faire des bêtises que sur les bancs de l’école. Il a eu des opportunités pour se racheter mais ne l’a jamais fait, tu comprends donc pourquoi c’est à moi d’intervenir pour le remettre dans le droit chemin. James n’a jamais connu sa mère, baladé de familles d’accueil en familles d’accueil, il n’a jamais connu son père, un ivrogne qui payait chaque soir des prostituées, son frère est mort, l’autre est homosexuel. Mais au final, Orlando, il ne lui reste plus que toi, alors tâche toi aussi de le récupérer tant qu’il en est encore temps. Si j’écoute tout, si je pardonne tout, et si j’approuve tout, c’est avant tout parce que j’ai un business à faire tourner, Orlando. Il en va de ma réputation. Et si James Franklin n’a eu droit dans ses petits (grands) souliers qu’aux cailloux qui font mal à l’orteil gauche, c’est uniquement parce que je n’ai jamais pu le supporter. Et je me suis laissé entendre dire que je suis loin d’être le seul !

ORLANDO JORDAN ‒ Voilà, enfin tu te découvres, enfin on avance ! Les gens qui n’aiment pas mon frère sont des cons, tout simplement. Peu importe qui ils sont, ils sont juste jaloux de James et de sa réussite. Et ça, James le sait.

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SANTA CLAUS ‒ Orlando, mon tout petit, tu viens de me rappeler à l’instant pourquoi je n’ai jamais pu encadrer ton frère. Pas parce que c’est un personnage vil, grossier et monomaniaque, ça me susciterait presque de la sympathie, mais parce qu’en fait il était, il est, et il restera à jamais qu’un gros pleurnichard. C’est quoi ce numéro de Caliméro que tu me fais, mon garçon ? Déjà quand je venais assurer la livraison, j’entendais James pleurer dans sa chambre qu’il n’avait pas de copains et qu’il enchaînait les râteaux avec les filles. Je n’ai jamais pu encadrer les avortons dans son genre ! S’il est si impopulaire, c’est parce qu’il y a une bonne raison. Et ça n’a aucun rapport avec sa réussite, c’est simplement parce que James Franklin est un être immonde ! Un sacré gros nigaud, prêt aux pires bassesses pour réussir ! Je ne vais pas lui jeter la pierre, après tout il y a une raison pour laquelle le Père Fouettard n’a pas pris ma place, mais il faut savoir assumer. Pas se laisser aller dans de pathétiques numéros d’auto-complaisance !

ORLANDO JORDAN ‒ Tu sais quoi, j’ai eu pas mal d’échos comme quoi tes cadeaux c’est de la camelote... On les utilise pendant deux jours et hop, cassés. Alors à Christmas Chaos James se fera une choix immense de venger tous les petits enfants mécontents, car après t’avoir battu il te fera payer la camelote que tu offres moyennant finance. Et par la même occasion tu lui offriras enfin en main propre ce robot Bioman.

SANTA CLAUS ‒ Pardon ? Je ne vois pas où est l’escroquerie, ce sont des cadeaux, donc 100% gratuits, personne n’a dépensé le moindre centime pour s’attacher mes services. Je ne vois donc pas où est le problème ! Je te conseille de monter un dossier plus solide si tu veux m’attaquer.

ORLANDO JORDAN ‒ Tu sais très bien ce que je veux dire. D’accord tes lutins sont sous-payés et nombreux, mais à force de les forcer à la tâche tu les tues au travail. C’est carrément toute une machinerie égocentrique que ton immense marché de Noël. Sans parler de tous les pauvres gens n’ayant pas de cheminée...

SANTA CLAUS ‒ Business is business, mon petit Orlando, un lutin ça se remplace, pas le Père Noël ! Leurs conditions de travail n’ont jamais été que le reflet de la société de consommation : tu consommes des t-shirts, des jeans, faits par des petites mains de six ans dans une usine à Taiwan pour deux dollars par mois, j’exploite mes lutins pour la production de cadeaux afin de satisfaire six milliards d’individus une fois par an. Je ne vois donc pas ce que j’ai à me reprocher, d’autant plus qu’à l’inverse du gérant de l’usine Nike, ce n’est pas de là que j’en tire un profit quelconque !

ORLANDO JORDAN ‒ Quelle inconscience de la part d’un homme qui est là depuis plus de 2000 ans, vraiment Santa je te pensais plus intelligent et plus conscient de ce que tu faisais... James est comme un gros gorille énervé à qui un panda joufflu aurait jeté des cailloux. Et ce panda joufflu en question, c’est toi ! Alors à ton avis, comment va réagire le gros gorille en colère ?

SANTA CLAUS ‒ C’est tout ce que tu as comme métaphore pour me faire peur ? Non, Orlando, « métaphore » n’est pas une drogue... A Christmas Chaos, je vais montrer à James Franklin, et par la même occasion à tous les petits enfants sur terre, que les muscles ne suffisent pas pour faire de soit quelqu’un de fort et respecté. Il faut aussi savoir utiliser sa tête, chose que James n’a jamais réussit à faire. James pense qu’il va me battre car à ses yeux je ne suis qu’un débutant qui n’a jamais mis le pied sur un ring, mais il se trompe en beauté. Et ce n’est pas parce qu’il fait du trafique de Carambar et autres que j’ai peur de lui. Alors qu’il en était encore au stade de sucer son pouce, j’avais déjà acquis beaucoup d’expérience en matière de lutte. Tu sais, chez moi en Laponie, je reçois les chaînes de sport depuis des années, et je ne rate pas un seul show de catch depuis l’ère Vince McMahon Sr. !

ORLANDO JORDAN ‒ Et alors, le fait que tu sois plus vieux que James n’est en aucun point un avantage. Au contraire...

SANTA CLAUS ‒ Si tu m’avais bien écouté au lieu de penser au garçon avec qui tu allais dormir ce soir, tu aurais bien compris que ce n’est pas ce que j’ai dit. James prend un certain plaisir à faire souffrir les innocents, mais sache qu’une fois que j’aurai mis la main sur lui, jamais plus il ne fera de mal. Car au final, ce n’est qu’un petit brigand sans importance, il ne fait peur à personne. Et à force de jouer avec le feu, il finira par se brûler. James n’est encore qu’un petit enfant qui joue au méchant petit voleur, il est temps pour lui de recevoir une bonne fessée comme à l’époque. Il essaye par tous les moyens de jouer au grand bandit, d’intimider tout le monde, mais ce petit jeu ne marche pas avec moi. Je ne suis pas stupide, je sais que si James fait tout cela c’est pour éviter de ressembler à son grand-frère encore en vie : toi ! Faire le voyou est une manière pour lui de s’évader de ce monde et de, contrairement à son frère, ne pas laisser entrevoir sa part de féminité pourtant immense. Oui, Orlando, ne me regarde pas ainsi, je sais très bien qu’à l’âge de neuf ans James et toi vous habilliez en robe de princesse, maquillés et parfumés comme de vraies petites princesses. James veut donc se convaincre qu’il est virile, qu’il est le meilleur. Mais pour être le meilleur, il faut y croire, or James ne croit en rien, même plus en moi.

ORLANDO JORDAN ‒ Bon, c’en est trop... J’vais te refaire ton portrait, Santa !

SANTA CLAUS ‒ Orlando, tu n’as vraiment rien compris... Tu ne te demandes pas la vraie raison de notre rencontre, tu ne t’es jamais demandé qui était ton vrai père ?

ORLANDO JORDAN ‒ Bah, c’est-à-dire que...

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SANTA CLAUS ‒ Orlando... je suis ton père !

ORLANDO JORDAN ‒ Nooooooooooon !

SANTA CLAUS ‒ L’heure de la punition a sonné pour James Franklin, il n’a pas été sage cette année. Il va passer un très, très mauvais Noël...
HO HO HO !!

Orlando Jordan s’en va en courant comme un attardé qu’il est sous le regard interrogateur des gens qui viennent faire leurs courses. Et il a bien raison le fripon, car Santa est en colère. Alors si le grand frère réagit comme ça aujourd’hui, imaginez le plus jeune ce dimanche.

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» Victoire.

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